DATA CENTER, PILLAGE DE RESSOURCES ET PROFITS MAJEURS POUR AMAZON
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Le 29 octobre 2020 Amazon a déposé en Préfecture de l’Essonne un dossier d’ICPE (Installation Classée Pour la Protection de l’Environnement) pour la construction d’un centre de stockage de données (Data Center) sur son site de Brétigny. Ce centre, projeté sur 26 000 m² de surface, n’est pas destiné au traitement des données de l’activité de e-commerce de la plateforme voisine, mais bien à renforcer la position dominante d’Amazon, à travers son service AWS, dans le stockage des données privées et publiques, qui génère aujourd’hui plus de bénéfices pour Amazon que le e-commerce. AWS occupe 50% du marché du Cloud

À ce jour, le dossier d’ICPE n’est pas disponible pour consultation. Ni sur le site de la préfecture de l’Essonne, ni sur celui de l’autorité environnementale (préfecture de région). Ce projet comme tous ceux menés par Amazon, est mené dans l’opacité la plus totale excluant les citoyens de la décision. Sans donner aucune explication ni aux pouvoirs publics ni aux élu.e.s, Amazon présente aujourd’hui un projet très différent de celui engagé présenté en 2017 : une fois de plus, nous vérifions que les promesses d’Amazon n’engagent que ceux qui les croient. Amazon ne tient qu’un seul de ses engagements : minimiser et réduire à à peu près rien les impôts que la société doit.

Amazon claironne le nombre de 3 000 emplois, une carotte reprise par Cœur d’Essonne Agglomération, que les seules affirmations d’Amazon valide. Nous ne connaissons ni leur qualité, ni le type des contrats, ni leur pérennité. A cela s’ajoutent les conditions de travail imposées aux employé.e.s et aux chauffeurs des camions alimentant le site qui sont régulièrement dénoncées par les syndicats. Enfin, une étude réalisée aux Etats-Unis en juillet 2020 démontre que 4,5 emplois sont détruits pour chaque poste créé par Amazon.

Le Data-Center projeté par Amazon, comme tous les Data-Centers, ne créera réellement d’emplois qu’au moment de la construction du site. En fonctionnement, très peu de personnel est nécessaire

Si nous considérons l’environnement, les centres de données nécessitent une importante consommation d’énergie électrique pour alimenter les serveurs et d’eau pour refroidir les installations informatiques. Un seul data center peut engloutir jusqu’à 20 MW, l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants. La consommation des 42 data-centers franciliens existants passerait de 210 MW actuellement à 670 MW en 2025, soit la consommation d’une ville de 600 000 habitants. Ceci n’est pas qu’un petit problème pour une région qui importe déjà plus de 90 % de l’électricité qu’elle consomme (Source DRIEE). Certes il existe des initiatives pour réduire l’impact des Data Center, celui de 50 000 m² installé par Facebook à Odense (Danemark) en septembre 2019 prévoyait dès sa conception, en lien avec une compagnie de chauffage urbain danoise, la réutilisation des 100 000 MWh produites par les eaux de refroidissement du site pour le chauffage de 6 900 logements. Mais ce n’est pas le cas pour ce projet d’Amazon à Brétigny sur Orge, qui ne sera qu’un goinfre énergivore.

Ce Data-Center pose aussi des problèmes de société liés à la vie privée, puisqu’aux termes du « cloud act », un juge américain peut demander à une entreprise américaine que lui soient mises à disposition les données stockées sur ses serveurs, quel que soit le lieu du stockage. Cela pose des problèmes de sécurité, de contrôle et d’utilisation de ces données stockées. L’administration française faisant partie des clients des data-centers, ces questions touchent à la sécurité et aux libertés individuelles et publiques.

Où est donc le besoin de data-centers toujours plus grands et toujours plus nombreux qui ont en commun avec le e-commerce de pousser à consommer toujours plus et d’assouvir toujours plus vite des besoins artificiellement créés ? Deux volets d’un même modèle économique, destructeur de notre environnement commun, de nos emplois de proximité, de notre modèle social. En permettant de stocker et d’échanger toujours plus de données numériques, Amazon favorise la création artificielle de besoins nouveaux, et l’émergence de technologies très consommatrices d’énergie et posant d’importants problèmes de contrôle démocratique sur leurs utilisations. 

Ce modèle est dans sa globalité intenable pour la planète : comme toutes les autres, les ressources énergétiques ne sont pas infinies. La sobriété dans la consommation, de produits comme de données numériques, doit être aujourd’hui notre objectif.

La réponse faites par les partisans de cette implantation ne peut pas être : « nous avons toutes et tous un smartphone dans la poche et un ordinateur à la maison ». Ce n’est pas parce que nous possédons une voiture que nous devons disposer de toujours plus de routes et que nous devons nous en servir pour le moindre déplacement. 

A l’initiative des écologistes, et récemment, de la convention citoyenne pour le climat, un succédané de notion d’écocide est enfin partiellement reconnu par le gouvernement. Le Conseil d’Etat vient récemment de donner 3 mois à celui-ci pour justifier que la trajectoire de réduction du carbone sera respectée à l’horizon 2030. L’implantation d’un nouveau data-center va à l’opposé de l’esprit de ces deux décisions. En attribuant un permis de construire à ce datacenter, le maire de Brétigny se placerait une fois de plus en défenseur d’un monde bien ancien et totalement dépassé. En autorisant l’implantation de Data center à Brétigny sans aucune conditionnalité environnementale, les élu.es de l’Agglomération se placeraient dans le déni d’écocide.

EELV réaffirme qu’un autre modèle de société existe. Nos exigences doivent aujourd’hui se porter massivement et rapidement vers d’autres solutions écologiquement soutenables et créatrices d’emplois locaux.

Nous appelons, les élus.es, les citoyens.es de l’Agglomération , à manifester ENSEMBLE leur refus de ce projet, à dire NON au Data Center de Brétigny sur Orge .

Nous enjoignons Monsieur le Maire de Brétigny sur Orge à ne pas signer de permis de construire en l’absence d’une réelle étude d’impact, rendue publique, et d’une réelle consultation des coeurdessonniens à l’issue d’un débat public documenté et contradictoire, porté, par exemple, par le Conseil de Développement de Cœur d’Essonne Agglomération.

Ensemble, Disons Non au « Data Center » d’Amazon !

Sonia ROISIN et Christian SOUBRA, secrétaires départementaux de EELV 91Isabelle CATRAIN et Bertrand GRANADO, responsables du Groupe local EELV Cœur d’Essonne Agglomération

Contact : eelv.cea@gmail.com